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LA LOIRE AMONT _ LES GORGES

Dans le département de la Haute-Loire, la Loire suit une ligne de fracture qui relie des bassins d’effondrement entre eux. A l’époque tertiaire, des lacs occupaient ces bassins : des dépôts argileux et sableux se sont accumulés. Ils sont recouverts par les coulées volcaniques issues des volcans stromboliens, dont l’activité s’est déroulée à l’ère quaternaire il y a environ 2 millions d’années. Le cours supérieur de la Loire illustre cette histoire géologique complexe en traversant ces différents terrains et en les mettant à nu. Après être née de sources volcaniques jaillies du contact entre les laves fissurées et perméables et le socle granitique compact, la Loire s’écoule sur le plateau volcanique ardéchois. Elle rencontre rapidement des terrains métamorphiques avant de s’enfoncer dans le granit du Velay, soubassement régional. Entre Salettes et la confluence avec la Gazeille, la Loire traverse le plateau du Devès isolant sur sa rive droite une petite digitation de cette entité : le plateau d’Alleyrac.

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Lorsque la Loire pénètre dans le département, elle n’est plus ce petit ruisseau conjugué par les résurgences du Mont Gerbier des Joncs.

Elle a déjà parcouru quelques dizaines de kilomètres en se dirigeant d’abord franchement vers la Méditerranée avant de virer définitivement vers le Nord, en direction de l’Atlantique. Les premières gorges, entre Lafarre et Salettes sont peu encaissées.

Elles ne prennent réellement d’importance qu’après Salettes où, jusqu’au Serre de la Fare et un peu au delà, le fleuve est dominé par des abrupts dépassant les 200 mètres. L’ambiance paysagère des gorges est rythmée par la dynamique du fleuve. Sur les versants, d’épaisses forêts retiennent les sols tout en tapissant les ondulations des pentes ; là où les forêts sont absentes, des chaos de blocs de granit décrochés des parois relaient les éboulis de roches volcaniques et les rebords de coulées encore à nus.

Des landes plus ou moins évoluées s’y installent. Après ce tumulte, le fond s’élargit, les pentes s’adoucissent, le caractère sauvage s’amenuise et la civilisation prend le relais. Cussac-sur-Loire, Coubon, Brives-Charensac : la Loire débouche dans le bassin du Puy.

 

LIMITES ET DECOUPAGE DE LA REGION PAYSAGERE

 

La Loire coule dans le département de la Haute-Loire du Sud au Nord. Son bassin versant draine tout l’Est du département, l’Ouest étant drainé par l’Allier. La région paysagère de la Loire Amont, occupe une bande étroite entre le plateau du Devès à l’Ouest et celui du Mézenc à l’Est, la rupture paysagère est très nette : elle se matérialise par la gorge. Cette région est limitée au Nord par le bassin du Puy. Au Sud, la frontière départementale avec l’Ardèche n’a pas d’illustration dans le paysage. L’ambiance et les éléments d’identité paysagère de la région « Loire amont» remontent jusqu’au Lac d’Issarlès.

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LES GORGES

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Trois séquences se succèdent sur le cours de la Loire dans sa partie amont :

 

- La « Loire de plateau» tout près des sources, jusqu’à Salettes. Entre Lafarre et Salettes, c’est la jeune Loire. Moyennement encaissée, elle se faufile au bas de versants boisés. Elle reçoit de petits affluents en cascades et d’autres plus importants, comme la Méjeanne. Au rebord des plateaux, quelques villages profitent de vues plongeantes. Autour de ces villages, s’organise l’espace agricole visiblement grignoté par les friches et les plantations résineuses.

 

- Les gorges sauvages, sinueuses et pittoresques, jusqu’au verrou d’Onzillon. De Salettes à Onzillon, la rivière prend de l’ampleur. Elle s’encaisse plus avant et arrose des sites prestigieux... Arlempdes, tumulte d’orgues basaltiques, de rochers décrochés et en équilibre, méandre, lieu de villégiature, château, village historique, air de bout du monde... Goudet, où l’on retrouve château et villégiature, rochers et rivière... en un peu moins sauvage. Et puis, la route longe les gorges, sinue de part et d’autre et découvre landes à genêts, rebords de coulées volcaniques, pins sylvestres accrochés aux chaos de granit. Cette ambiance sauvage se perpétue le long des principaux affluents de la rive droite : Gazeille et Méjeanne.

 

- Les verrous du Serre de la Fare et les pentes plus douces entre Solignac et les Cabarets. D’Onzillon à Cussac, le paysage s’ouvre au dessus des gorges, les versants sont plus doux, agriculture et habitations s’installent plus facilement.

 

Au delà, la Loire pénètre dans le bassin du Puy (entité paysagère qui sera traitée par ailleurs). En haut du bassin, l’altitude est d’environ 850 m, à Orzilhac après Cussac elle est de 650 m.

 

Communes concernées : Lafarre, Salettes, Vielprat, Arlempdes, Goudet, Saint-Martin-de-Fugères, Le Brignon, Chadron, Solignac, Cussac.

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MORPHOLOGIE DU TERRITOIRE

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Ce qui caractérise la morphologie du territoire : gorge encaissée, méandres, boucles, verrous, orgues basaltiques, éboulis, granit,... et affluents ressemblants

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La vallée constitue une ligne de force dans le paysage. A la fois trait d’union et lieu des ruptures entre les deux plateaux. Elle présente une extraordinaire d i v e r s i t é g é o l o g i q u e , morphologique, écologique qui se répercute à la fois dans les volumes, les textures, les points de vue et les ambiances paysagères. Ce qui caractérise la morphologie du territoire : gorge encaissée, méandres, boucles, verrous, orgues basaltiques, éboulis, granit,... et affluents ressemblants L’aspect très minéral des versants et le caractère abrité de ces gorges créent une ambiance chaude, méridionale renforcée par la présence des pins sylvestres.

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Le cours de la Loire est encaissé de 60 à 100 mètres sous la surface des plateaux en amont de Salettes.

 

A partir de Salettes, le fleuve s’encaisse davantage : jusqu’à 250 mètres.

La morphologie est alors différente, gorge fortement encaissée, dominée par les plateaux, fond plat. La vallée forme de nombreux méandres et de larges boucles (Serre de la Fare, Onzillon, Vazeilles, Le Chambon, Les Rozières, Les Ribeyroux, Arlempdes)

 

Dans les secteurs les plus volcaniques (Agizoux, Le Brignon, Fleurac, Montagnac, Freycenet en rive gauche, Saint-Martin-de-Fugères en rive droite) les plateaux de part et d’autre présentent une surface horizontale hérissée d’appareils volcaniques stromboliens : les gardes - collines coniques élevées d’une centaine de mètres. La jonction avec la vallée se produit de façon brutale, les versants sont très abrupts, ils forment des falaises.

 

Au rebord des plateaux, s’interrompent les coulées volcaniques, les orgues basaltiques sont apparents et relayés par des éboulis sur la pente. Dans les secteurs composites, des versants plus doux apparaissent à proximité de la vallée. Ce sont, soit des terrains gneissiques (Espinasse), soit des affleurements sablo-argileux (Onzillon, Chadron, Cussac, Solignac)

 

Dans la séquence d’Onzillon à Cussac, une large marche sépare la gorge du plateau du Devès : elle porte les villages de Collandre et La Beaume, c’est une coulée basaltique plus récente. Ces deux marches superposées créent une ouverture dans le paysage.

 

En rive gauche, les affluents suivent la logique très particulière des rivières du plateau du Devès. Gorges en V en aval, fortement encaissées dans le plateau, au rebord abrupt et prismé d’orgues, elles se rétrécissent très rapidement vers l’amont où leur source se perd dans la platitude des coulées de basalte.

 

Certaines rivières dévalent en cascade (Langougniole, Beaume). La Fouragette qui prend sa source très haut sur le plateau du Devès, dans le maar (vaste cratère d’explosion) des Narces de La Sauvetat présente des versants plus larges, jadis exploités. En rive droite, la Gazeille est une jumelle de la vallée de la Loire, très encaissée et avec de nombreux méandres.

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COMPOSANTES DU PAYSAGES

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Espaces naturels

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Ce qui caractérise les espaces naturels : le naturel domine et façonne les paysages, forêts de versants, pelouses sèches, landes, falaises, éboulis et milieux alluviaux

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L’absence de pression « humaine» ou tout du moins sa discrétion, perçue à travers les paysages crée une ambiance particulièrement naturelle dans la vallée. La pression qui s’exerce est celle de la nature : la dynamique de l’eau, celle des rochers, celle du monde végétal et celle du monde animal. C’est à cela que tient l’ambiance « sauvage» des gorges de la Loire.

La forêt est très peu gérée dans la vallée (forte pente, nombreux secteurs non desservis par des sentiers et difficultés d’accès). Cette absence de gestion favorise l’évolution naturelle des bois de pins vers un taillis de chênes ou de hêtres.

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Des conditions favorables à la dynamique naturelle

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Les fonds de vallée sont soumis aux dynamiques fluviales Près de l’eau, végétation et matériaux subissent sans cesse les fluctuations du niveau de l’eau. Le paysage est mobile, changeant dans l’espace et le temps.

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Des versants où la dynamique naturelle s’exerce

Sur les versants les plus abrupts, la végétation est rase. Quelques arbres tortueux, quelques maigres landes donnent la mesure de la contrainte.

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Des versants forestiers

D’autres versants, plus hospitaliers selon qu’ils sont mieux exposés ou couverts d’une plus profonde couche de terre, sont peuplés de forêts. Le boisement permet de mettre en valeur les terres, si l’exploitation est possible, et surtout de retenir les sols et ainsi d’éviter ravinement et inondations. Des milieux divers et très riches - Les versants de la rive gauche (souvent en versant Nord) sont généralement boisés. Des bois feuillus (hêtres en haut de bassin puis chênes plus bas en altitude et dans les secteurs bien exposés) constituent des forêts naturelles. Quelques plantations résineuses (douglas ou épicéas) s’intercalent entre les forêts naturelles dans la partie la plus aval. Planté plus anciennement ou en reconquête de terrains abandonnés, le pin sylvestre couvre aussi de vastes étendues.

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Des milieux divers et très riches

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- Les versants de la rive gauche (souvent en versant Nord) sont généralement boisés. Des bois feuillus (hêtres en haut de bassin puis chênes plus bas en altitude et dans les secteurs bien exposés) constituent des forêts naturelles. Quelques plantations résineuses (douglas ou épicéas) s’intercalent entre les forêts naturelles dans la partie la plus aval. Planté plus anciennement ou en reconquête de terrains abandonnés, le pin sylvestre couvre aussi de vastes étendues.

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- Les versants de la rive droite (souvent le versant Sud mais pas toujours) les moins accidentés étaient anciennement pacagés ou en culture. Aujourd’hui abandonnés, ils sont soit gagnés par la friche puis par les landes à genêts à balais : sous Gramaize, Salettes, dans la vallée de la Fouragette, soit enrésinés, autour de Salettes. Parmi ces versants exposés au Sud, d’autres, très accidentés, sont boisés depuis longtemps : ce sont les bois de pins sylvestres.

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- En haut de ces zones bien exposées d’anciens terrains de pacage encore entretenus constituent des « pelouses sèches» : milieux naturels très intéressants d’un point de vue botanique. Peu connue du grand public, la physionomie de ces pelouses évoque un espace agricole plus ou moins à l’abandon, surtout lorsque la pression de pâturage est moins forte. La richesse botanique tient à la mosaïque de milieux en présence. Dans l’ordre de la succession végétale (voir ci-contre): dalles rocheuses, pierriers, pelouses rases, landes, fourrés arbustifs et forêt. A cette richesse botanique est associée une grande subtilité paysagère dans ces milieux composites.

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- Dans le fond de la vallée, la Loire a formé des petites îles qui constituent elles aussi des milieux naturels rares et des paysages de bord d’eau « sauvages» caractéristiques : les pelouses sur graviers. Là aussi plusieurs milieux cohabitent en fonction de la colonisation végétale du site.

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Espaces agricoles

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Ce qui caractérise les espaces agricoles : très réduits dans la vallée, abandonnés sur les versants, développés là où le fond s’élargit

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- En haut de bassin l’agriculture se cantonne sur les rebords de plateaux de part et d’autre des gorges ; les pâturages y sont dominants, certaines parcelles se poursuivent dans les pentes des versants de la Loire. Des haies limitent les parcelles de façon perpendiculaire à la pente ou marquent les ressauts dans le sens de la pente, des petits bois occupent les reliefs.

 

- Autour d’Arlempdes et de Goudet, les abords du fleuve s’élargissent et laissent la place à quelques cultures et pacages.

 

- Les versants doux constitués de sables et alluvions , vers Onzillon, Chadron, Archinaud) sont eux aussi propices à l’agriculture (prairies et pacages dominants).

 

- Sur le petit plateau de Collandre, marche intermédiaire entre les gorges et le plateau dominant, les prairies et pacages sont séparés par des murets de pierre de grande taille.

 

- Dans le bassin de Cussac , le large fond permet la culture de grandes parcelles.

 

- Quelques vestiges de terrasses agricoles construites dans la pente avec des murets de pierres sèches, dans la vallée de la Fouragette.

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ORGANISATION DU BATI

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Ce qui caractérise le bâti : villages aux positions « pittoresques» , habitat groupé et adapté au manque de place, matériaux des frontières géologiques, sites majeurs

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- Villages de plateau : regroupement de quelques fermes (Agizoux, Ussel, Collandre, Fleurac, Montagnac, Concis,...) au centre d’un territoire agricole.

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- Villages en rebord de gorge, implantés à la naissance d’une petite vallée secondaire ou en ligne de crête (Vielprat, Les Salles-du-Brigon, Les Salles-de-Saint-Martin, Lafarre, Salettes,...)

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- Villages en ligne de crête de plateau (Solignac, Archinaud, Maiguezin, Gramaize,...)

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- Villages sur pente douce au dessus de la vallée (Espinasse, Chadron, Onzillon,...) souvent dans un site bien exposé et protégé, relié à l’espace agricole par quelques trames végétales.

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 - Villages en fond de vallée (Arlempdes, Goudet, Colempce) les deux premiers sont des sites prestigieux dus à la corrélation d’un site naturel mis en valeur par l’architecture.

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 - D’une manière générale, habitat groupé et adapté à la pente et au manque de place : voies très étroites dans les villages, petites places à la croisée des chemins, soutènement, rampes et escaliers, silhouettes superposées des toitures.

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- Organisation des bourgs et villages autour d’un élément communautaire : église, chapelle, four banal, coudert (place centrale où sont rassemblés les éléments de la vie communautaire rurale : four banal, fontaine, lavoir, bachats, métier à ferrer, maison d’assemblée,...)

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ARCHITECTURE

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VOLUMES TRADITIONNELS

- Modèle de la ferme bloc vellave, plutôt de petite taille, pouvant être totalement transformée par la pente.

- Habitat très rural, fermes encore en activité, ou transformées en maison de vacances, ou en ruines.

 

MATÉRIAUX TRADITIONNELS

- Granit autour de Lafarre, Salettes ; basalte ailleurs ; toits en tuiles canales rouges.

 

ARCHITECTURE CONTEMPORAINE, BÂTIMENTS AGRICOLES ET INDUSTRIELS

- Très peu d’éléments d’architecture contemporaine, de bâtiments agricoles et industriels.

 

PATRIMOINE

- Sites majeurs : Goudet et Arlempdes (Châteaux, patrimoine, village, emplacement, découverte en vue plongeante).

- Eglise avec clocher à peigne Lafarre, Solignac, Saint-Martin-de-Fugères ; Eglise Vielprat, Château Le Cros, Tour Mariac à Lafarre ; fermes fortifiées La Valette, La Beaume ; Calvaire de Goudet ; Pont de Chadron.

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RESEAU VIAIRE

 

- D.500 traverse la Loire à Salettes, tracé très sinueux mais route d’aspect relativement important. Autres routes secondaires d’aspect rural et « bucolique» . Passages dans les forêts très fermés, plus sauvages. Passages à proximité du fleuve très sauvages eux aussi. Idem pour routes traversant sur d’autres ponts (D.27 Pont de Chadron,...)

 

- Route de fond de gorge entre Arlempdes et Vielprat (D.54) caractère assez spectaculaire, intimité avec le fleuve.

 

- Routes de corniche (D.37, D.49 dans la vallée de la Fouragette,...) vues spectaculaires sur les gorges et les sites (Goudet, Arlempdes).

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Source : D i r e c t i o n R é g i o n a l e d e l ’E n v i r o n n e m e n t A U V E R G N E - Inventaire des Paysages de la Haute-Loire - mars 2001

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